lundi 29 avril 2013

Une journée avec les éléphants (roman inside!)

Je le savais avant de venir en Thailande, et j'en avais même parlé à mademoiselle ainsi: quand nous serions ici, nous irions voir les éléphants.
C'est comme si un touriste venu de l'étranger allait à Paris sans voir la Tour Eiffel, c'est inconcevable!

Pour moi qui adore les animaux, je rêvais de ce contact privilégié avec les mastodontes qu'on n'aperçoit normalement que de loin dans les zoos. Et comme la date fatidique de mon départ de Chiang Mai approche, la semaine dernière, j'ai réservé. Je voulais faire une demi journée parce que je voulais tout d'abord être rentrée pour la sieste et ne pas imposer une trop grosse journée à mademoiselle. Malheureusement, pas de réservation possible à la matinée car pas assez de demandes, par contre, on a eu une réduction sur le prix de la journée. Qu'à cela ne tienne, Ernestine est capable de faire parfois des journées sans sieste, je réserve donc pour le lendemain.

Vendredi arrive, on avait rendez vous entre 8h30 et 9h. Nous sommes allées attendre à l’hôtel d'en face car notre maison est presque introuvable pour qui ne connait pas. Un peu après 9h, le bus arrive: un petit bus d'environ 12 à 15 places, très confortable, climatisé, avec des petits rideaux bleus aux fenêtres. On passe encore prendre deux couples, et c'est parti, direction la campagne. En regardant le paysage par la fenêtre, j'ai un peu le même ressenti qu'en allant visiter Doi Suthep: Il y a beau avoir des arbres verts, j'ai malgré tout une impression de sécheresse qui me frappe. Le sol est recouvert d'herbes desséchées, de feuilles mortes. Je n'ai pas cette impression de luxuriance à laquelle je m'attendais en venant dans un pays tropical. Je comprend pourquoi les feux de broussaille et de forêt sont communs.

Le groupe est cosmopolite; en plus d'Ern et moi, il y a deux françaises, mais il y a aussi un californien, un anglais, un couple de chinois qui vit à tokyo et un couple d'autrichiens. Nous avons de la chance, la veille, ils étaient une vingtaine, là nous restons à taille humaine.

Après une heure de route, nous voici arrivés chez Woody. Le cadre est paradisiaque, avec les collines autour de nous, et au fond de la vallée, une rivière qui serpente, un bassin pour les éléphants, la nature tout autour...
Le bassin de nage, le paysage.

Woody nous explique que le site est géré par sa famille et lui, vous pouvez allez voir son site.
Il nous raconte son parcours, c'est un ancien boxeur de boxe thai, qui après 15 ans de compétitions s'est installé comme fermier (il a aussi, entre autres, des terrains et des vaches), et ils ont petit à petit monté l'installation avec les éléphants. Il nous parle aussi de la relation qu'il entretient avec les animaux, de l'autorité qu'il faut exercer, toujours juste. Il nous prévient: si vous brutalisez un éléphant sans raison, il vous le rendra aussi sans raison. Sur le coup, je trouve ça simplement logique: les espèces de pics à glace dont on pose la pointe sur le crane de l'animal pour lui signaler des ordres, même s'ils ne sont pas tranchants, sont quand même assez pointus. C'est plus tard que je réaliserai vraiment le bien fondé de sa mise en garde, en voyant la taille des éléphants, leur force, et leur caractère têtu. Je n'irai pas les embêter pour m'amuser! Il nous explique que les éléphants ont tout le temps faim, ils mangent environ 21 heures sur 24. Il a besoin de 4000 baths par jour pour nourrir ses douze éléphants, ce qui est énorme si on considère que le salaire moyen d'un thai se situe autour de 7000 baths le mois! On comprend mieux le prix de cette journée, qui, si elle n'est pas énorme en euros, reste chère comparée au prix de la vie ici: 2400 baths la journée par personne, transport et nourriture inclus.

Après cette présentation, il nous dit qu'il est temps d'apprendre les ordres de base pour diriger un éléphant. Il nous distribue des petits papiers, et nous dicte alors une dizaine d'ordre : lève la patte, plus haut, stop, avance, recule, tourne à droite, à gauche, doucement, ouvre la bouche. Il nous donne dix minutes pour les apprendre, puis il revient avec nos "costumes" pour aller s'occuper des éléphants. Je suis bien contente d'être plutôt bonne en anglais, car tout ici se raconte dans la langue de Shakespeare. Nous nous changeons, et c'est parti pour le premier contact.
En tenue, prêtes!

Nous descendons une petite pente et arrivons à un hangar ou se trouve six grands éléphants dont deux femelles avec leurs petits. C'est l'heure de les toucher pour la première fois, de les approcher vraiment. Nous allons leur donner à manger des bananes. Ernestine et moi en attrapons donc, comme les autres, et c'est parti. Nous pouvons tous constater que les éléphants comprennent très bien l'ordre qui leur demande d'ouvrir la bouche. La leur est toute pointue, on voit bien les petites défenses de chaque côté, leur grosse langue, et au fond les dents  pour mastiquer, grosses d'environ 10 cm de long sur 20 de large -ce ne sont probablement pas les vraies mesures, je donne l'impression que ça m'a laissé. Plus tard, je les verrai même casser des troncs de palmier entre leurs mâchoires, je suis impressionnée par leur force.
Photo de groupe, où sommes nous...?


Après avoir donné à un gros éléphant, mademoiselle n'est tout de même pas rassurée. Nous allons donc voir un petit éléphanteau, il a un an et demi et déjà une taille respectable pour son âge. Mais Ernestine est moins impressionnée, elle redonne des bananes. Surtout que le petit attrape juste avec le bout de sa trompe et les met lui même dans sa bouche. Je trouve ça juste trop mignon.

Qu'est ce qu'il aime les bananes cet éléphanteau!
Bisous d'éléphants et contorsions
Il est temps ensuite de mettre en pratique les premiers ordres pour faire se déplacer un éléphant. Woody monte dessus, nous explique et nous montre les gestes à effectuer en simultané avec les ordres oraux. Puis, c'est à chacun de nous de monter sur les éléphants, et de tester...Il faut utiliser leur patte qu'ils soulèvent un peu pour se hisser sur le cou. Eh bien, un éléphant, même un petit d'Asie, c'est haut! Ernestine reste assise bien sagement par terre quand c'est mon tour et me regarde faire, en jouant parfois avec le sable par terre. Je suis contente, elle a vite adopté le groupe et le photographe, et elle aime me regarder tout là haut. J'ai vraiment de la chance, elle a un caractère génial.

Ça bouge comme prévu!
Nous faisons ensuite une pause. Woody nous montre que les éléphants peuvent aussi faire des tours: il leur donne un harmonica et un instrument à percussion, mais au bout de dix secondes, il arrête: il nous raconte que certains utilisent un peu les éléphants comme des bêtes de cirque ici, qu'on les utilise même parfois jusqu'à 6 ou 7 heures par jour en leur mettant des gros harnachements pour transporter des clients. Nous comprenons clairement son point de vue: il désapprouve. Je suis plutôt d'accord avec lui, je suis d'ailleurs de moins en moins à l'aise avec les animaux utilisés en cirque, en particulier les animaux sauvages.

Très attentive
La pause est surtout destinée aux éléphants, qui peuvent continuer de manger sans rien faire d'autre. Puis nous apprenons les derniers ordres, nous remontons dessus chacun notre tour, et c'est enfin l'heure de manger.
Nous revoilà en haut, tout est déjà prêt, le couvert es mis et les plats sont disposés sur la table. C'est simple mais délicieux: du riz, des légumes en sauce, des omelettes aux champignons, et de l'ananas pour le dessert. 
Une pause pipi pour tout le monde, y compris mademoiselle, qui décidément est plus propre de jour en jour, et c'est parti pour la balade. Pas de couches, même si c'est pour tout l'après midi, car on va se baigner!

Ernestine et moi montons sur l'éléphant de Woody à l'arrière. Je ne le dirigerais pas puisque je tiendrais mademoiselle, mais je ne suis pas frustrée du tout. Je me sens bien à profiter du paysage. Passé le premier moment d'appréhension, elle s'installe entre mes jambes sur l'éléphant et nous y allons.

Regarde, on nous prend en photo!
Mes camarades de jeu sont deux par éléphants, et quand je vois combien ces grosses bêtes sont têtues, je suis bien contente de ne pas devoir râler pour les diriger! Nous passons dans des petits chemins, chaque éléphant a son mahout qui marche près de lui au cas où. Les chemins, en plus d'être étroits, sont énormément pentus par endroits. C'est impressionnant, nous glissons sur le dos, je dois me retenir avec toute la force de mes jambes et de mes bras, tenir Ernestine, ne pas l'écraser en glissant... mais mademoiselle ne dit rien. Si, elle dit: "monter la montagne", plusieurs fois même.

Nous faisons une pause pour les éléphants. C'est là que je les vois manger des morceaux énormes. Ils mettent des branches de la taille des bras d'Ernestine par brassées entières dans leurs bouches et dans un craquement les cassent en deux et les enfournent dans leur bouche. Nous buvons un coup. Je vois les éléphants s'égailler sur les coteaux, entre les arbres et les plantes. Je les vois comme des bêtes de montagne; elles montent et descendent des pentes extrêmement escarpées avec une aisance naturelle tout à fait remarquable. 

Soif!
Fin de la pause. Nous remontons sur nos mastodontes, nous continuons d'avancer. Les éléphants pour se rafraichir s'aspergent de salive. C'est phénoménal: ils mettent leur trompe dans leur bouche, on entend un bruit de baignoire qui se vide, un glougloutage monumental, et soudain, c'est l'averse! Mais il fait si chaud que ce n'est pas si désagréable. Nous arrivons à une petite rivière, nous longeons son cours. Les bêtes s'aspergent de nouveau, mais plus vigoureusement, de l'eau de la rivière... et de la boue qui va avec. Nous sommes trempées Ernestine et moi, il semble que notre éléphant ait été particulièrement vigoureux sur son trempage par rapport à certains autres. Nous avons de la boue partout, jusque dans les cheveux. 

Balade dans le lit de la rivière
Nous arrivons heureusement à l'endroit où l'on baigne les éléphant, où la rivière s'élargit un peu. Nous pouvons enfin nous rincer de toute cette terre. Frotter les éléphants. Regarder les autres les laver, et s'asperger d'eau en utilisant la trompe comme un jet d'eau. C'est vraiment rigolo. 
Et on frotte!
Dans l'eau
Nous allons ensuite nager avec eux. Tous sur nos éléphants, avec les mahouts, nous allons dans le bassin aperçu au début depuis la maison en hauteur. Au bout de quelques pas, les éléphants s'immergent complètement! Je dois tenir Mademoiselle à bouts de bras pour qu'elle ne boive pas la tasse, tout en me tenant moi même pour ne pas glisser, en faisant attention à mes pieds pour ne pas me les faire écraser par les autres éléphants... Je pense transmettre mon stress à Ernestine, qui n'apprécie pas du tout la situation. Et si les autres s'amusent comme des petits fous quand les éléphants plongent, je demande à Woody de nous ramener vite.

On plonge!
La balancoire en trompes d'éléphants
Une fois à terre, tout va mieux. Comme dit Ernestine, nous faisons même de la balancoire sur les trompes des éléphants. 
Nous n'avons plus que des merveilleux souvenirs. Le visage d'Ernestine s'illumine quand elle regarde les photos désormais, et elle raconte spontanément cette histoire. Elle a beau être petite, je suis contente de lui avoir fait ressentir toutes ces émotions, qu'elle continuera de retrouver bien plus tard sur les images. 
Comme elle l'a dit elle même à la fin de la journée: "monter éléphants, les gens, monsieur, Ernestine et maman".

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